Alors que nous entrons dans la saison des récompenses, de nombreux grands films tape-à-l’œil vont commencer à nous parvenir, qui tenteront au moins d’attirer notre attention. Mais il y a aussi des films un peu plus petits qui méritent sûrement plus d’attention, sans pour autant être capables de faire autant d’éclats tout en essayant d’entrer dans le radar des cinéphiles potentiels. Waves, le dernier film d’A24 et du réalisateur Trey Edward Shults, ressemble à l’un de ces films. Mais je suis ici pour vous dire que c’est l’un des drames les plus puissants de 2019 et qu’il ne faut pas dormir dessus. C’est une expérience profondément émotionnelle et distinctive qui se démarque vraiment à plusieurs égards.


Waves est un film difficile à décrire, car si l’on se fixe trop d’attentes en termes d’histoire, on risque de gâcher l’expérience. En gros, le film raconte l’histoire d’une famille qui essaie de se rassembler et de trouver une voie à suivre à travers diverses luttes et épreuves. Le film se déroule dans le sud de la Floride et retrace un voyage émotionnel fondé, mais plein de rebondissements, centré sur une famille afro-américaine de banlieue. La famille est dirigée par un père bien intentionné mais dominateur, Ronald (Sterling K. Brown). Mais les choses se compliquent lorsque Tyler (Kelvin Harrison Jr.), le fils adolescent de la famille, a du mal à faire face à ses problèmes personnels, ce qui risque de déchirer la famille.

De nombreux films traitent de la complexité de la famille. Moi qui vois beaucoup de films, je peux dire honnêtement que je n’ai jamais rien vu de tel que Waves. C’est comme un portrait de famille. Mais pas exactement comme ceux que l’on trouve sur les étagères d’un magasin comme Target, avec une image parfaite de ce que devrait être une famille dans le cadre. C’est comme si quelqu’un avait cassé le verre et sorti la photo du cadre pour révéler tout ce qu’on ne pouvait pas voir avant. Le laid. Le beau. Le compliqué. Le désordre. La réalité. Tout est là et c’est vraiment spécial, que ce soit dans les moments les plus brutaux ou les plus merveilleux. C’est Waves.

Pour Trey Edward Shults, faire suivre un film d’horreur comme It Comes at Night d’un drame ambitieux à part entière est vraiment inattendu, mais c’est aussi un coup d’éclat. S’il y a une chose dans laquelle Shults excelle, c’est la création d’une atmosphère, quel que soit le genre dans lequel il travaille. Waves est magistralement atmosphérique, sans être trop artistique ou vague au point de se mettre en travers de son propre chemin. Il y a une narration claire. Des messages clairs. Des points de vue clairs, mais le tout est présenté d’une manière qui ne ressemble en rien à la version plus grande et plus brillante d’un drame familial hollywoodien. C’est remarquable en ce sens.

Un film comme celui-ci vit et meurt grâce à ses personnages, et sans les bonnes personnes pour donner vie à ces personnages, il est mort à l’arrivée. Waves est très performant à cet égard. Sterling K. Brown, grâce à This Is Us, Black Panther, et pratiquement tout ce qu’il touche, s’est affirmé comme l’un de nos meilleurs acteurs modernes. Ici, ce n’est pas différent. Il est la colle. C’est une centrale électrique. Cela dit, ce sont les performances des deux jeunes acteurs principaux du film, Kelvin Harrison Jr. et Taylor Russell, qui volent véritablement la vedette. Et le fait qu’ils soient capables de voler la vedette à un type comme Brown en dit long. Il y a deux performances de star à part entière au cœur de ce film. D’autres acteurs tels que Lucas Hedges, Alexa Demie et Renee Elise Goldsberry ne font qu’ajouter à ce qui pourrait être considéré comme un embarras de richesse dans le département des talents à l’écran.

À une époque où l’on discute beaucoup de ce qu’est le cinéma et de ce que nous devons faire pour préserver cette forme d’art pour les générations futures, ce film est un élément essentiel de la conversation. Waves est une œuvre cinématographique aussi magistrale, lorsqu’on la regarde sous l’angle artistique, que ce que l’on peut voir dans le grand public. Il est parfois difficile à regarder, mais il aborde des thèmes si universels et des émotions si brutes qu’il est difficile d’imaginer que le spectateur ne trouve pas le moyen de s’y connecter et d’en être ému. Waves est disponible dans les salles dès aujourd’hui chez A24.